Edirne, seconde capitale de l’Empire Ottoman après Bursa n’échappe pas à la règle établie pour chaque capitale ottomane, d’entreprendre la construction d’un palais.

Le site actuel ne permet pas de se rendre compte de la taille imposante de ce complexe, il ne reste pratiquement plus de trace de ce pan de l’histoire ottomane. Il est toutefois en restauration, permettant de faire ressurgir la gloire du passé des premiers sultans.

Edirne, capitale du Sultan Murad I

Conquise par Murad Ier en 1362, Edirne devient la capitale de l’Empire Ottoman en 1368. La plupart des édifices construits dans les années qui ont suivies la conquête de la ville ont disparu.
Quand Edirne passe sous la domination turque en 1362, deux palais vont y être construits. Le premier appelé Saray-i Atik littéralement « le vieux palais ». Il est édifié sous ordre de Murad I, le conquérant d’Edirne. Les sultans Bayezid I et Murad II en feront leur résidence.

Au XVIIe siècle, le chroniqueur Evliya Celebi rapporte que ce palais, situé près de la mosquée Selimiye, avait été construit dans les années 1365-1368, et que plusieurs parties lui avaient été ajoutées successivement.

La construction du second palais est commencée par Murad II en 1450 et fut un temps stoppé à sa mort. Elle va être amplifiée puis achevée par son fils Mehmet II en 1475. Le palais a continuellement subi des transformations, des ajouts de nouveaux bâtiments pendant le règne des Sultans Süleyman, Ahmed I, Mehmet IV, Ahmed II et Ahmed III.

Il fut inhabité à partir de 1718, quand Ahmed III transféra le pouvoir à Istanbul jusqu’en 1768 et quand le sultan Mustafa III retourna à Edirne. Au cours de ce demi siècle laissant le palais vacant, celui ci tomba en décrépitude. Le bâtiment continua à souffrir avec le tremblement de terre de 1752 et l’incendie de 1776. En 1825, le Sultan Mahmud II fit restaurer certaines parties du complexe.

Guerre russo-turc et occupation d’Edirne

Le palais fut ensuite fortement endommagé quand les forces russes occupèrent Edirne en 1829 et qu’ils l’utilisèrent comme garnison. Durant cette période, le Yeni saray fut détruit par l’explosion d’un dépôt de munitions.

Le Yeni Saray connu aussi comme Saray-i Cedid-i Amine (nouveau palais royal), palais Tunca (du nom du fleuve), palais Hünkar Bahçesi (palais du jardin royal) ou encore Edirne Saray-i Hümanayunu (palais royal d’Edirne), était situé dans le quartier actuel de Sarayiçi.

Babüsaade kapısı, la porte de la Félicité

En 1870, ses souterrains servaient d’entrepôts de munitions. On y mit le feu en 1876, provoquant une explosion qui détruisit complétement le palais dont il ne reste aujourd’hui que de rares vestiges. Occupant une superficie considérable, le Nouveau Palais était agencé en cinq grandes cours entourées de bâtiments qui pouvaient accueillir près de 6000 personnes. Bien après que la capitale fut transférée à Istanbul, il maintint son rang de résidence royale appréciée des sultans qui venaient y séjourner de temps à autre, qui ne cessèrent de l’agrandir et qui s’en inspirèrent pour la construction de leurs palais d’Istanbul.

Le complexe du palais comprenait 72 différents bâtiments dotés de 117 pièces, 14 résidences, 18 salles de bains, 8 mosquées, 17 portes et 13 sous sol. Aux meilleures heures de son histoire, environ 34000 personnes vivaient au palais et étaient servis par 6000 personnels de maisons.

Source : Genèse de l’art ottoman, héritage des émirs.