« Ce que Constantinople a légué au monde, c’est avant tout son rôle et son exemple de grande capitale internationale, ignorant les frontières rigides-nationales, culturelles, sociales et religieuses.

48 – Constantinople, Philip Mansel

L’identité multiple y était naturelle ; c’était une porte dans le mur entre islam et chrétienté. Le « siège du califat » faisait partie du « système de l’Europe » :
il était possible à Constantinople d’être à la fois ottoman et grec, musulman et européen, et de traiter la nationalité comme un gagne-pain et non une passion.

C’était une ville où des personnalités comme Fatih, Sokollu Mehmed Pacha, Busbecq, Ibrahim Müteferrika, Mouradgea d’Ohsson, Mahmud II et les grands réformateurs ottomans du XIX siècle pouvaient s’instruire sur les autres cultures sans les distorsions des complexes de supériorité ou d’infériorité, de l’orientalisme ou l’occidentalisme. Les seules croisades à Constantinople ont opposé des confessions chrétiennes rivales, non la chrétienté et l’islam. »

Je m’incline devant la plume de l’auteur, pour qui j’ai beaucoup de respect. Dans une ville où résonne l’orient et l’occident, si le sublime à une âme il se nomme #istanbul si loin des yeux et tellement si près du cœur ♥️.

« L’art véritable est de créer une ville glorieuse. Et d’emplir de félicité le coeur des hommes »

Fatih Sultan Mehmet II

#Constantinople – La Ville que désirait le monde – 1453-1924

Forteresse naturelle, port ouvert sur la Méditerranée et la mer Noire, carrefour des routes terrestres entre l’Europe et l’Asie, Constantinople était déjà capitale impériale depuis plus de mille ans lorsque les Ottomans la prirent en 1453. Le récit de Philip Mansel commence à cette date, avec l’entrée triomphale du sultan Mehmed le Conquérant sur son cheval blanc. Il s’achève en 1924 par le départ précipité de son ultime successeur, Abdülmedjid, à bord de l’Orient-Express.

Mehmed Il a fondé un « compromis ottoman » qui a longtemps résisté à tous les assauts : il a parié sur la coexistence et la tolérance mutuelle, en faisant le choix risqué de donner à son empire une capitale multiculturelle et multinationale. Dans ses rues, on parlait grec, arménien, italien, lingua franca, albanais, bulgare et serbe aussi bien que turc, persan et arabe.

Constantinople, la villes des trois religions monothéistes.

Constantinople, avec ses palais et ses maisons de bois, ses quartiers et ses bazars, la splendeur des jardins et le flux ininterrompu des bateaux, était une ville sainte pour l’islam et le christianisme orthodoxe, un refuge pour les juifs persécutés en et Europe, la plaque tournante du grand commerce « levantin » d’abord un mode de vie, auquel tous étaient attachés.

Cette ville raffinée, tolérante, qu’un poète a nommée « le diamant serti entre deux émeraudes », vécut aussi des heures tragiques. Les implacables luttes pour le pouvoir entre sultans, sultanes, vizirs, janissaires, puis le jeu trouble des puissances européennes et les intrigues de leurs ambassadeurs mirent bien des fois à rude épreuve le « compromis ottoman ». Il tint bon plus de quatre siècles.
Avant d’être emporté par les lames de fond du nationalisme moderne et de l’industrialisation.

Philip Mansel né à Londres en 1951, a fait ses études à l’université d’Oxford. Il est l’auteur d’une thèse de doctorat, La Cour de France, 1814-1830, des biographies de Louis XVIII et du prince de Ligne, et de Splendeur des sultans : les dynasties musulmanes, 1869-1952. Il a collaboré à de nombreuses publications, dont le Financial Times, le Daily Telegraph, The Spectator, Apollo et l’International Herald Tribune.

Constantinople – La Ville que désirait le monde – 1453-1924
Philip MANSEL
Éditions du Seuil – Octobre 1997
ISBN 2-018312-9 – 560 pages