01 – SINAN, Architecte de Soliman

Une histoire d’amour peu connu du grand public. Pourquoi à Istanbul deux mosquées portent le nom de la fille bien aimée du Sultan Soliman ?

La princesse Mihrimah est la fille de Kanûn-i Sultan Süleyman connu Sous le nom de Soliman le Législateur ou de Soliman le Magnifique.
Mimar Sinan – est l’Architecte en chef de Soliman le Magnifique. Il est un architecte hors pair et surtout un passionné de son métier et un sentimental à l’infini. En effet, il était amoureux de la fille bien aimée du Sultan Soliman avec laquelle il ne pourra pas se marier.

Une belle histoire d’amour commence…en guise de preuve d’amour pour la Sultane, Sinan construit deux mosquées. Une, sur la rive asiatique et l’autre, sur la rive européenne portant les noms de la princesse ottomane : Mihrimah Sultan Camii ( Mosquée ).

Mimar Sinan aurait demandé la princesse en mariage mais il aurait vu sa demande rejetée par le sultan car l’architecte avait 33 ans de plus que la jeune sultane et il était déjà marié.
Alors, afin de laisser un symbole éternel de son amour, il aurait fait construire à ses propres frais la seconde mosquée d’Edirne kapı – porte d’Edirne. Elle est symétriquement opposée à celle d’Üsküdar, séparée par le Bosphore. La mosquée Mihrimah d’Edirne Kapı/Porte d’Erdirne a un seul minaret afin de symboliser sa solitude et son amour interdit.

Ce qui achève de déchainer les passions est le phénomène exceptionel qui se produit à chaque équinoxe de printemps qui, on le rappelle, est le jour de l’anniversaire de la princesse. Chaque 21 mars, quand le jour est égale à la nuit, si on se place à un endroit où on peut observer les deux mosquées qui se font face de par et d’autre du Bosphore, on verra le soleil se coucher entre les deux minarets de la mosquée d’Üsküdar et simultanément, la lune se levait sur l’unique minaret de la porte d’Edirne.


SİNAN- ARCHITECTE DE SOLIMAN
Photographies Ara Güler
C’est ainsi que moi, Sinan, fils d’Abdulmennan l’illustre, serviteur de peu de mérite et humble architecte en chef, étant en réalité fils de chrétien, je fus emmené il y a longtemps de cela, conformément à la sublime loi ottomane et au beau rituel impérial, en même temps que les garçons de la province de Karaman et conduit devant la Porte Impériale. De là, après avoir servi pendant un certain temps en province, j’ai traversé le stade de l’apprentissage et j’ai acquis le statut de janissaire.

Bref, cet indigne dessina et bâtit pour les souverains de l’époque, les ministres et les notables, quatre-vingt grandes mosquées et plus de quatre cents petites, soixante collèges et trente-et-un couvents de derviches, deux palais et dix-neuf mausolées, sept écoles et dix-sept hospices, trois hôpitaux, sept ponts et quinze aqueducs, ainsi que Six magasins, dix-neuf caravansérails et trente-trois bains.

Dans ces conditions, il ne faut pas douter ni du grand nombre de fatigues qu’a également endurées votre serviteur Sinan de Kayseri dans l’accomplissement de chaque construction, ni du fait que, si chacune d’entre elles est devenue – avec l’aide de Dieu et grâce aux bienfaits et à la haute bienveillance de l’Etat – l’image du monde dans les pays de la dynastie ottomane, cela fut le fruit de notre activité soutenue.

Extrait des mémoires de Sinan rédigées vers 1588.


Sinan Architecte de Soliman
Photographies Ara Güler
Textes Augusto Romano Burelli
Éditions Arthaud – Paris 1992
146 pages ISBN – 2-7003-0972-3