S’il y a bien une personne dont le nom est un marqueur de l’histoire Ottomane, c’est celui de Soliman Le Magnifique, magnifique non seulement par la durée de son Sultanat qui durera 44 ans, mais également par la beauté de sa mosquée stambouliote à proximité du quartier » Vefa « .
« La grandeur et la splendeur Ottomane dans toute son élégance dans la mosquée Süleymaniye. »
La lettre du Sultan Süleyman au roi de France, François Ier
La lettre de Soliman adressée à François 1er marque le début des relations franco-ottomane.
L’année de sa rédaction correspond à la période où François 1er, vaincu à Pavie, est en captivité chez Charles Quint. C’est une réponse de soutien du Sultan Ottoman et Calife de l’Islam au roi de France qui cherche une alliance militaire contre son rival.
Ci-joint une partie de la lettre :
« Süleyman Shah bin Selim Shah han el muzaffer daima, ce qui signifie : Sultan Süleyman, fils du Sultan Selim, glorieux à tout jamais.
Moi qui suis le Sultan des Sultans, le Roi des Rois, le distributeur des couronnes aux princes du monde, l’ombre de Dieu sur la terre, l’empereur et seigneur souverain de la mer Blanche et de la mer Noire, de la Romélie et de l’Anatolie, de la Caramanie, du pays de Roum (Haute- Arménie), de la province de Zulkadiriiè, du Diyarbekir, du Kurdistan, de l’Azerbaïdjan ( Médie), de l’Adjem (Perse), de Cham ( Syrie), d’Alep, de l’Égypte, de Mekké (la Mecque), de Médine, de Jérusalem (Kouds, la sainte), de la totalité des contrées de l’Arabie et l’Yémen, et en outre de quantité d’autres provinces que, par leur puissance victorieuse, ont conquises mes glorieux prédécesseurs et augustes ancêtres (que Dieu environne de lumière la manifestation de leur foi! ), aussi bien que de nombreux pays que ma glorieuse Majesté soumis à mon épée flamboyante et à mon glaive triomphant, Moi, fils de Sultan-Sélim fils de Sultan- Bayezid,
CHAH-SULTAN-SULEYMAN-KHAN,
A TOI FRANÇOIS
QUI ES ROI du ROYAUME DE FRANCE!
La lettre que vous avez adressée à ma cour, asile des rois, par Frankipan, homme digne de votre confiance, certaines communications verbales que vous lui avez recommandées, m’ont appris que l’ennemi domine dans votre royaume, que vous êtes maintenant prisonnier, et que vous demandez secours et appui de ce côté-ci pour obtenir votre délivrance : tout ce que vous avez dit a été exposé au pied de mon trône, refuge du monde; les détails explicatifs en ont été parfaitement compris, et ma science auguste les embrasse dans tout leur ensemble.
En ces temps-ci, que des empereurs soient défaits et prisonniers, il n’y a rien qui doive surprendre. Que votre coeur se réconforte! que votre ame ne se laisse point abattre ! …..«
Lettre de Soliman le Magnifique à François Ier dans le cadre de l’alliance franco-ottomane de 1536. Institut du Monde Arabe, Paris. © BNF.
50 – Soliman le Magnifique
Soliman le Magnifique, le plus glorieux des sultans ottomans, fit trembler l’Europe pendant près d’un demi-siècle. En quelques années, il conduit son armée la première du monde jusqu’aux portes de Vienne, devient le maître de la Méditerranée et s’installe à Bagdad.
Face à ce redoutable conquérant dont le devoir est d’étendre toujours plus les terres de l’Islam, la Chrétienté est incapable de s’unir : Charles Quint doit signer l’humiliant traité de Constantinople tandis que François 1er, le Roi Très Chrétien, se fait le complice du Grand Turc.
« Ombre de Dieu sur la terre », mais aussi habile politique et despote tout-puissant, Soliman dirige fermement l’État avec l’aide de ses grands vizirs. Si Dieu lui a donné le pouvoir, c’est pour qu’il assure la justice et le bien-être de ses sujets. Il recula les limites de l’Empire plus qu’aucun des sultans ottomans, mais c’est sous le nom de Législateur qu’il est passé dans l’histoire de la Turquie.
Dans cet empire qui règne sur trois continents, qui compte plus de 30 millions d’habitants et brasse presque toutes les races et les religions connues, la noblesse héréditaire n’existe pas: l’administration remarquablement organisée est tout entière aux mains des chrétiens islamisés dont l’élite, parvenue aux honneurs et à la fortune, formera des esclaves dévoués au sultan jusqu’à la mort.
Des finances prospères, une économie dirigée et autoritaire : c’est bien sous le règne de Soliman que l’Empire ottoman atteint son apogée.
Les villes et les campagnes connaissent une croissance économique et démographique sans précédent. Istanbul d’abord, la plus grande ville du monde, où l’on assiste à un formidable renouveau des arts et des lettres, capitale prestigieuse, siège du Sérail et des plus sombres intrigues… la première du monde jusqu’aux portes de – est tout entière aux mains de Chrétiens.
Historien et journaliste, André Clot a passé de nombreuses années dans les anciens pays de l’Empire ottoman.
Soliman le Magnifique
Éditions Fayard – mai 1983
André Clot
ISBN – 9-782213-012605 – 468 pages