Théodore Herzl (de son vrai nom Binyamin Ze’ev Hertsel) naît le 02 Mai 1860 à Pest en Hongrie. Il meurt à l’âge de 44 ans en Autriche le 3 Juillet 1904. Ses parents appartiennent à la bourgeoisie juive.

Ses débuts d’écrivain en Hongrie

Son père n’est pas un religieux, et sa mère s’intéresse à la littérature allemande. Cette éducation entre en compte dans la vision du jeune Théodore. En 1878, sa famille s’installe à Vienne ou il obtient son doctorat à la faculté de droit. Il travaille un temps comme juriste, mais sa véritable vocation sera celle de l’écriture, Herzl souhaite devenir écrivain. En 1896, alors âgé de 36 ans, il publie « L’État Juif, recherche d’une réponse moderne à la question juive »

Il se fait porte parole de l’antisémitisme depuis l’affaire Dreyfus qu’il a suivi avec attention, il assiste même, dans la cour des Invalides à la cérémonie de dégradation du capitaine pour le compte d’un journal de Vienne.

La sortie de son premier ouvrage et le premier congrès de Bâle

Son livre sorti, il attire autour de lui bon nombre de militants sionistes, désireux de voir établir un État juif en Palestine. C’est à Bâle, en Suisse, qu’il organise le premier congrès sioniste en août 1897. Le programme de ce congrès est basé sur la future colonisation de la Terre Sainte par des paysans, ouvriers et artisans juifs.

En septembre 1897, il confiait à son journal, après la réunion du premier congrès sioniste dont il avait été le maître d’œuvre : « À Bâle, j’ai fondé l’État juif […]. D’ici cinq ans peut-être, cinquante ans sûrement, chacun le verra. »

Comme il l’avait déjà fait au Congrès de Berlin, le Sultan s’oppose à l’achat de terre par les juifs et à leur immigration massive en Palestine. Herzl en tire la conclusion :

« À présent, je ne peux concevoir qu’un seul plan : Faire en sorte que les difficultés de la Turquie s’accroissent ; mener une campagne personnelle contre le Sultan, peut-être prendre contact avec les princes exilés et les Jeunes Turcs ; et en même temps, en intensifiant les activités des Juifs socialistes, exciter parmi les gouvernements européens le désir d’exercer des pressions sur la Turquie pour qu’elle accepte les Juifs. » (Herzl, Journal, 4 juin 1900)

Le Sultan Abdülhamid II et l’écrivain Théodore Herzl

Tout comme on le voit dans la série Payitaht Abdulhamid, Herzl, aidé du mouvement sioniste, crée la banque nationale juive ainsi qu’un fond national juif en 1905 pour l’achat de terres en Palestine.

Il s’attaque à tous les puissants de l’époque pour parvenir à ses fins : au Pape Pie X, au Sultan Abdulhamid II, à l’Empereur Guillaume II ainsi qu’au ministre britannique Joseph Chamberlain.

Lors de son entrevue avec le Sultan, il propose le rachat de la dette de l’Empire Ottoman en échange de la Palestine :

« Si Sa Majesté le Sultan nous donnait la Palestine, nous pourrions nous faire fort de régler les finances de la Turquie. Pour l’Europe, nous constituerions là-bas un morceau du rempart contre l’Asie, nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie. Nous demeurerions comme un État neutre, en rapports constants avec toute l’Europe, qui devrait garantir notre existence »(tiré de l’Etat Juif, Theodore Herzl)

La réponse du Sultan est resté dans les écrits de l’Histoire :
« Conseillez au Dr Herzl, de ne pas prendre de nouvelles mesures sérieuses dans cette affaire. Je ne peux pas me défaire d’un seul pouce de la terre de Palestine… elle ne m’appartient pas mais appartient plutôt à la nation musulmane. Mon peuple a combattu pour cette terre et l’a irriguée de son sang… que les juifs gardent leurs millions
et si vraiment un jour le Califat viendrait à se disloquer, les juifs pourront alors prendre la Palestine pour rien..Mais tant que je suis en vie, il me serait plus aisé d’être désossé que de voir la Palestine coupée du Califat… et cela ne se produira pas. Je ne peux accepter que nos corps soient desséchés de notre vivant. »

En exil après sa déposition, le Sultan Abdulhamid confie à son médecin personnel en 1911:
« La puissance de l’argent permet de tout faire. Ce n’est pas de sitôt qu’ils réussiront mais c’est un commencement. Ils ont un dessein.Ils amorcent le travail aujourd’hui, ils pourront atteindre leur but dans plusieurs années voire dans mille ans, quoi qu’il en soit, je pense qu’ils réussiront. »

Herzl rencontra le Sultan Abdulhamid à plusieurs reprises, en 1901 et en 1902, où leur conversation firent l’objet de tractations pour permettre au réfugiés juifs de s’établir dans l’Empire Ottoman à l’exception de la Palestine (ces restrictions dataient déjà de 1881). Herzl fut introduit au Palais grâce au célèbre orientaliste hongrois Arminius Vambéry, il reçut même des mains du Sultan l’ordre du Medjidie.

Le Sultan Abdulhamid suivait de près les activités des sionistes en Europe, et il était informé des projets de Herzl.

Malgré les freins à l’expansion juive en Palestine, l’administration ottomane échoue à réguler ce flux et ses implantations. Les puissances européennes y sont pour beaucoup (l’Allemagne et la Russie encourageant également le mouvement sioniste).
En 1908, près de 80 000 juifs étaient installés en Palestine (en 30 ans la population juive en Palestine était passée de 5 à 10%)

« Que le Sultan nous donne ce morceau de terre et, en échange, nous remettrons ses finances en ordre et nous influencerons l’opinion publique en sa faveur dans le monde entier. » (Herzl, Journal, 9 juin 1896)

Saygin Soysal interprète le rôle de Théodore Herzl dans la série Payitaht Abdulhamid