La Chronique de Şaban

"Chaque villa du Bosphore semble un écran peint de neuf, ou une jolie scène d'opéra."

5 – Splendeurs d’Istanbul

L’eau, élément purificateur essentiel du rituel islamique, revêt une grande importance dans l’architecture ottomane en interpellant les cinq sens à la fois : bruits d’écoulement, odeurs d’humidité, goût et toucher de fraîcheur, vue de bassins et fontaines. Ici, la photo de couverture du livre La Fontaine Hamidiye dans la cour du Palais de Yıldız.

Preuve, s’il en faut, de l’importance de l’eau est la débauche décorative qui l’entoure, mobilisant tout l’arsenal artistique ottoman : bas- reliefs de pierre et de marbre, mosaïques en briques, calligraphies déployant des sentences et des extraits du Coran et enfin la céramique, développant avec ses couleurs et ses motifs floraux l’image idéale du paradis, gorgé de verdure et d’eau.

La fontaine publique est l’offrande par excellence que l’homme fortuné, haut fonctionnaire, notable respecté, ou riche négociant, adresse à ses concitoyens afin de susciter leur gratitude à travers les prières qui lui assureront l’ouverture des portes du paradis. Ainsi il ne manquera pas de marquer son nom par l’inscription appropriée, qui gravera sa mémoire dans celle de la postérité.

Les rives du Bosphore, c’est ainsi que vers la fin du XVIIIe siècle cette voie d’eau impériale se transforma en une large avenue, un Grand Canal, bordées de résidences, nommées Yalı et sillonnée par des embarcations de toute sorte.
Je ne connais pas les architectes de ces demeures ou Yalı … mais je suis juste fasciné par le génie humain quand il est en harmonie avec la nature !
Les Yalıs : demeures ottomanes au fil de l’eau.

Splendeurs d’Istanbul Palais et Demeures du Bosphore
A cheval sur deux continents, Istanbul est traversée par le détroit du Bosphore, entre Europe et Asie. Cette voie navigable, des plus belles et des plus romantiques, vit passer Jason et ses Argonautes en quête de la Toison d’Or, fut chantée par des poètes et des écrivains divers comme « Byron, Lamartine et Lady Mary Wortley Montagu »( une anglaise en Turquie au XVIIIe siècle ).

Sur les rives du Bosphore, se rencontrent les cultures d’Orient et d’Occident. Elles se mêlent pour s’épanouir dans les demeures et les palais bâtis au bord de l’eau par des générations de familles ottomanes.

Au milieu du XVe siècle, Constantinople, prise aux Byzantins, fut érigée en capitale d’un Empire ottoman en plein essor. Symbole de sa puissance nouvelle, le Sultan Mehmet Fatih édifie le palais de Topkapı qui, des modifications en ajout, domine encore la ville. C’est au XVIIIe siècle, lors d’une période de prospérité et d’enthousiasme, la Période des Tulipes, que les bâtisseurs exercèrent tout leur talent sur les rives du Bosphore. Les membres de l’élite dirigeante construisirent alors leurs Yalıs, manoirs en bois dans la tradition turque. Témoins d’une architecture unique, les Yalıs présentés dans ce livre reflètent leurs magnifiques façades rouges, jaunes, roses ou vertes dans les eaux du Bosphore.

Par le texte et l’illustration, cet ouvrage s’attache à l’évocation des fondements architecturaux et sociaux de ces demeures et palais, dont l’histoire ici retracée est soulignée par des citations dues à certains des voyageurs qui se succédèrent à Istanbul au fil des siècles. L’on retrouvera dans ces pages toute la splendeur de l’architecture du front du Bosphore, qui inspira ces mots à Byron :
« Chaque villa du Bosphore semble un écran peint de neuf, ou une jolie scène d’opéra. »

Splendeurs d’Istanbul
Palais et Demeures du Bosphore
Éditions Mengès, 1994 – Paris – 227 pages
ISBN : 2-8562-0343-4
Les auteurs : Chris HELLIER – Francesco VENTURI