Ahmed Ziyaüddin Gümüşhanevi
Ahmed Ziyaüddin Efendi est né dans le quartier de Emirler, Gümüşhane à Istanbul en 1813.
En 1822, alors âgé de 9 ans, ses parents s’installent à Trabzon pour y vivre du commerce. Le petit Ahmed commence alors son apprentissage des sciences religieuses auprès de savants tels que Cheikh Osman Efendi et Cheikh Khalid Es-Saidi.
Une initiation aux sciences avec les savants du Palais
De retour à Istanbul en 1831, il commence ses études à la madrasa située dans le quartier de Beyazid et de Mahmud Pacha. Toujours entouré d’éminents professeurs, il parfait son éducation religieuse en compagnie de savants qui côtoient le palais du Sultan.
Ahmed Ziyaüddin est un mystique qui étudie les confréries présentes à Istanbul à cette époque, comme la confrérie Khalidiyya, Shadiliyya et Naqshbandi dont il se réclame.
Il s’installe à la mosquée Fatma Sultan à Cağaloğlu en 1859 (détruite en 1957). En 1877, il épouse Hava Seher Hanim la fille du Şeyhülharem-i Nebevî Mehmed Emin Pacha et se rend pour la deuxième fois en pèlerinage à La Mecque.
Il a particulièrement insisté sur la nécessité de la réflexion, de l’apprentissage des sciences du hadith en partie grâce à la lecture, pour ce faire, il institua un fond d’entraide entre les membres du tekke pour permettre l’impression d’ouvrages qu’il distribuait gratuitement. Il a pu, de son vivant, ouvrir quatre bibliothèques à Istanbul, Bayburt, Rize et à Of (province de Trabzon)
Ses enseignements étaient réputés à Istanbul, et nombre de fonctionnaires du palais assistaient à ses discours dans la mosquée Fatma Sultan. On sait également qu’il a eu des consultations et des réunions spéciales avec Abdulhamid, avec qui il avait une affinité particulière De ce fait, le Sultan Abdulhamid a souhaité l’inviter au palais. Il nous est rapporté de cette époque, une anecdote qui eût lieu pendant le mois de Ramadhan.
Rupture de jeûne au Palais de Yildiz
Le Sultan Abdulhamid convie le cheikh Ahmed Ziyaüddin au palais de Yildiz pour le repas de rupture du jeûne, une invitation lui est envoyée, à laquelle il accepte car comme il le souligne, l’invitation doit être acceptée, elle fait partie de la sunnah. Une calèche du palais part alors chercher le cheikh dans son tekke du quartier de Gümüşhane, la circulation étant dense, le cocher impose aux chevaux de galoper plu vite, ce à quoi le Cheikh lui dit : « Ne malmène pas les animaux mon fils, nous arriverons à temps » Arrivé au palais de Yildiz, le cheikh est conduit au Büyük Mabeyn, dans une salle réservée aux invités où des tables bien garnies ont été préparées.
« Mon Sultan, vous êtes notre calife et notre compagnon »
Lorsque l’appel à la prière se fait entendre, et que les invités commencent à manger pour rompre le jeûne, le cheikh sort un mouchoir de sa poche qui contient du pekmez (mélasse) et de la pâte feuilletée (yufka).
Le Sultan remarque de suite l’attitude du cheikh et lui dit : « Efendi Hazretleri, ce qui vous est servi ne sort pas des deniers de l’État, mais de mes propres revenus »
Le cheikh lui répond alors : « Mon Sultan, nous avons beaucoup de disciples, et nous devons continuer à vivre de la manière que nous enseignons »
Après la rupture du jeûne, en montant les escaliers pour se rendre dans la salle de prière, le Sultan prend le bras du cheikh et soupire : « Si un miracle se produit, soyons en tous témoin ». A ces mots, le cheikh s’arrête, regarde le Sultan et lui dit : « Mon Sultan, Notre Padishah nous a pris le bras, nous montons cet escalier ensemble, en quoi cela pourrait relever du miracle ? »
Le Sultan indique la place de l’imam au Cheikh Ahmed Ziyaüddin et lui demande de guider la prière. A ce moment, le cheikh retire son cübbe (manteau) et le pose sur les épaules du Sultan. Il lui dit : « Mon Sultan, vous êtes notre calife et notre compagnon, c’est à vous de diriger la prière. »
Le Sultan Abdulhamid prend alors la place de l’imam et dirige la prière.
Ses propos ont été rapportés par Seyyit Tostcuoğlu, fils de Cheikh Rıfat Efendi.
Cheikh Ahmed Ziyaüddin Gümüşhanevi est décédé en 1893 à Istanbul, sa tombe se situe dans le cimetière de la Mosquée du Sultan Süleyman.